Nocturne by Ed McBain

Nocturne by Ed McBain

Auteur:Ed McBain [McBain, Ed]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Publié: 2014-11-05T18:13:01+00:00


Georgie et Tony avaient un sérieux problème sur les bras.

— Ce qu’il y a, dit Georgie, c’est que la vieille ne se souvenait probablement même pas d’avoir mis cet argent à la consigne.

— Une vieille de cet âge, comment elle aurait pu s’en souvenir ?

— Tu as vu l’enveloppe dans laquelle elle l’avait mis ?

L’enveloppe gonflait la poche intérieure droite de sa veste, comme s’il portait une arme, ce qui n’était pas le cas. Georgie n’en portait que lorsqu’il assurait la protection de Priscilla, au club. Sinon, c’était trop dangereux. Les gens vous prennent pour un braqueur, ou quelque chose de ce genre. Georgie préférait des moyens plus subtils de baiser le système. Baiser le système, c’est tout le problème. Mais, à présent, Priss Stetson était, d’une manière étrange et mystérieuse, devenue le système.

— Même l’enveloppe a l’air vieille, dit Georgie, baissant la voix.

Ils se trouvaient au restaurant de la gare routière et dînaient de bonne heure en s’efforçant de déterminer ce qu’ils devaient faire de cette grosse somme d’argent qui leur était échue. L’endroit était loin d’être bondé, à un peu plus de sept heures – peut-être une douzaine de clients en tout. Un Noir et une femme qui devait être sa mère, assis à une table voisine. Trois jeunes en parka bleue, sans doute des étudiants, à l’autre bout de la salle. Un vieux type d’une soixantaine d’années et une blonde de trente-cinq, quarante ans qui se tenaient les mains, ou sa fille ou une pouffe. Deux gars penchés sur un journal de courses hippiques tâchant de sélectionner des bourrins pour le lendemain.

Il neigeait depuis deux heures de l’après-midi. Derrière les hautes fenêtres du restaurant, des petits flocons, de ceux qui collent aux vêtements, tournoyaient dans l’air, pris dans la lumière des réverbères. Le sol était déjà recouvert d’une couche blanche de quinze centimètres, et rien n’indiquait que la neige allait s’arrêter de tomber. À l’intérieur du restaurant, il régnait un climat douillet, agréable, de gens savourant de la bonne cuisine dans un endroit chaud et tranquille. Les cent mille dollars de l’enveloppe jaunie brûlaient la poche de Georgie.

— La question, dit-il, c’est de savoir si on a des obligations.

— Des obligations morales, ajouta Tony, opinant du chef.

— Si la vieille avait oublié qu’elle avait mis l’argent à la consigne.

— Ma grand-mère oublie des choses tout le temps.

— La mienne aussi.

— Elle le dit, en plus. Elle le sait, Georgie. Elle dit que si sa tête n’était pas sur ses épaules elle oublierait où elle l’a mise.

— On devient vieux, on oublie.

— Tu connais l’histoire du vieux en maison de retraite ?

— Ouais, tu nous l’as racontée.

— Non, pas celle-là.

— Celle de la maladie de Parkinson ?

— Non, une autre. C’est un vieux dans une maison de retraite, le docteur entre dans sa chambre et lui dit : « J’ai de mauvaises nouvelles pour vous. – Qu’est-ce que c’est ? » demande le vieux. Le docteur répond : « Premièrement, vous avez le cancer, deuxièmement, vous avez la maladie d’Alzheimer.



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